

J’ai imaginé une rencontre improbable entre mon héroïne préférée, sortie de mon imagination, ma chère Katarina Koudell, parfumeuse et créatrice de parfums impossibles et poétiques avec Monsieur Jean-paul Guerlain, célèbre parfumeur du XXème siècle!
je vous laisse découvrir leur dialogue et la mise en scène que j’ai créée:
Katarina Koudell rencontre Monsieur Guerlain

Dialogue entre deux nez hors du temps
Le décor s’ouvre sur un salon où le temps a décidé de s’arrêter.
Les murs sont tapissés d’arômes anciens : un souffle de vanille, un murmure de cuir, un soupir de rose de Damas.
Au centre, une table d’acajou accueille deux êtres que tout oppose — ou plutôt, que tout relie par le nez.
Monsieur Guerlain, élégant, costume gris perle, mouchoir immaculé, tient une pipette comme on tiendrait une plume d’écrivain.
Katarina Koudell, elle, débarque en tourbillon : jupe à pois, bottines turquoise, lunettes rondes embuées par les vapeurs de son dernier flacon.
KATARINA — Oh ! Mais ça sent le passé ici ! La mémoire en habit de velours ! Vous rangez vos émotions dans des flacons, monsieur ?
GUERLAIN (souriant, intrigué) — Non, mademoiselle, je les distille. J’en fais des parfums. Et vous ? Vous semblez venir d’un rêve.
KATARINA — D’un entre-deux plutôt ! J’étais en train de fabriquer un parfum pour les nuages — un mélange d’iris, d’ozone et de rire d’enfant — quand une bourrasque m’a soufflée ici !
GUERLAIN (amusé) — Vous avez donc trouvé le secret du sillage aérien… Voilà qui me plaît. Mais dites-moi, chère amie, croyez-vous que le parfum doive être… raisonné ?
KATARINA — Raisonné ? Certainement pas ! Il doit être insensé, un peu fou, un peu ivre. Sinon il s’endort, comme un livre jamais ouvert. Le parfum, c’est un rêve liquide !
GUERLAIN — Et pourtant, il faut le dompter. Une goutte de trop, et c’est le chaos.
KATARINA — Le chaos, c’est la source du merveilleux ! Regardez mes fioles : dans celle-ci, j’ai capturé l’odeur du premier baiser raté. Et dans celle-là, la trace du vent après un orage d’été.
GUERLAIN (émerveillé) — Vous êtes la poésie incarnée du flacon. J’ai toujours dit qu’un parfum doit évoquer plus qu’il ne montre. Vous, vous le faites chanter.
KATARINA — Et vous, monsieur, vous le faites danser en costume trois pièces. Vous êtes le chorégraphe des émotions contenues. Moi, je suis leur saltimbanque.
GUERLAIN (levant son verre de thé au jasmin) — Alors portons un toast :
À la folie et à la précision,
au désordre et à l’équilibre,
au nez et au cœur.
KATARINA (clin d’œil malicieux) — Et à ce parfum que nous venons de créer, sans même le savoir :
« L’Imprévisible Harmonie ».
Leur échange se poursuit dans un silence chargé d’essences.
Autour d’eux, les flacons frémissent comme s’ils comprenaient qu’un événement rare était sur le point de naître.
GUERLAIN — Si nous devions vraiment donner corps à cet “Imprévisible Harmonie”, par quoi commenceriez-vous ?
KATARINA (penchée sur la table, les yeux pétillants) — Par un éclat de rire, évidemment. Le rire a toujours une odeur, vous savez ? Celle d’un citron vert qui se renverse dans la lumière.
GUERLAIN (amusé, notant dans un carnet) — Citron vert pour le rire… Très bien. Et ensuite ?
KATARINA — Ensuite, une touche de désordre. Un grain de poivre rose, pour la surprise. Puis un murmure d’iris, pour la douceur du souvenir. Et enfin…
Elle plonge ses doigts dans l’air comme si elle attrapait une étoile.
Une traînée d’argent apparaît dans le vide, invisible et pourtant palpable.
KATARINA — … un souffle d’invisible. Un rien qui fait tout.
GUERLAIN — Vous êtes insaisissable, chère Katarina. Le parfum doit pourtant s’ancrer, trouver une base.
KATARINA — Oh mais la base, c’est le rêve, monsieur ! Regardez : un peu de santal pour le corps, une larme de vanille pour le cœur, et… une trace de poussière d’aurore pour l’âme.
GUERLAIN (hoche la tête lentement) — Déroutant. Et pourtant… juste. Vous savez, je n’aurais jamais osé mélanger le rire et le souvenir.
KATARINA — C’est parce que vous composez pour plaire. Moi, je compose pour éveiller.
Elle rit, dépose une goutte du mélange sur le dos de sa main et lui tend le poignet.
Monsieur Guerlain se penche, inspire doucement.
Un instant, son regard se trouble. Il revoit la cour de sa maison d’enfance, la lumière sur les rosiers, le rire d’une jeune femme dont il a oublié le nom.
GUERLAIN — C’est… c’est de la nostalgie heureuse. De la mémoire rieuse.
KATARINA (souriante) — Voilà, vous avez compris ! Le parfum n’est pas fait pour séduire, mais pour réveiller.
GUERLAIN (soupire) — Si les parfumeries pouvaient encore parler ainsi…
KATARINA — Oh, elles le peuvent, monsieur. Mais il faut leur rappeler la folie douce de leurs débuts.
Elle lève le flacon entre ses doigts : une lumière bleutée pulse à l’intérieur, comme un petit cœur battant.
KATARINA — Voilà notre création : L’Imprévisible Harmonie.
Elle ne sera jamais vendue, jamais portée.
Elle vivra seulement dans l’air — et dans les rêves de ceux qui croient encore que le parfum peut changer le monde.
Une lune pâle filtrait à travers les vitres, caressant les flacons qui semblaient dormir debout.
Katarina et Guerlain contemplaient leur création, ce parfum invisible dont le flacon irradiait une lumière douce, comme une note de musique devenue matière.
GUERLAIN — J’aimerais tant pouvoir le garder…
Le monde aurait besoin d’un parfum pareil.
KATARINA — Le monde n’est pas encore prêt, mon cher ami. Ce parfum est fait pour l’air, pas pour les vitrines. Il est né d’un rire et d’un souvenir : il ne survivrait pas à l’étiquette d’un prix.
GUERLAIN — Alors que vais-je en faire ?
KATARINA — Inspirez. Juste cela. Inspirez profondément.
Et laissez-le vous traverser.
Il s’exécute. Un souffle. Puis un autre.
Son visage s’éclaire : un sourire, rare, presque enfantin.
GUERLAIN — Vous avez raison. Il n’a pas besoin d’être gardé. Il suffit de se souvenir de lui… comme d’un rêve qui persiste.
KATARINA — Exactement. L’Imprévisible Harmonie vit désormais dans vos poumons, dans votre rire, dans le parfum que vous oserez créer demain.
Elle s’approche, glisse sa main sur la table, y laisse une petite fiole vide.
À l’intérieur, il croit voir un éclat, minuscule, mouvant, comme un fragment de lumière retenu.
GUERLAIN — Qu’est-ce que c’est ?
KATARINA — Mon rire, enfermé dans un souffle.
Si un jour vos formules deviennent trop sérieuses, ouvrez-le. Il vous rappellera la folie nécessaire à toute beauté.
Un silence. Puis un frisson parcourt la pièce.
Les flacons vibrent, l’air semble se plier sur lui-même.
GUERLAIN — Katarina ?
Mais elle n’est déjà plus là.
Seule subsiste cette lueur flottante, un sillage d’ambre et de lumière, qui s’efface lentement.
Guerlain reste debout, immobile, le flacon dans la main.
Dehors, le vent porte une voix, rieuse et lointaine :
« Souviens-toi, mon ami…
Llle parfum n’est qu’un rire devenu souffle. »

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